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Photos
A droite : Hamani Diori, président du Niger de novembre 1960 à avril 1974 -
© AFP.
A gauche : Djibo Bakary, vice-président puis président du Conseil des ministres du Niger de mai 1957 à octobre 1958, et fondateur du parti Sawaba -
© Keystone-France/Gamma-Keystone via Getty ImagesTextes : Laurent Correau
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Octobre 64 : les premières attaques du Sawaba contre le régime
Albert Tréca, l’Ambassadeur de France au Niger, raconte dans cette note l’échec de plusieurs attaques du Sawaba dans des localités frontalières qui se sont déroulées pour la plupart pendant le mois d’octobre 64. Le cachet « Vu », portant la croix de lorraine, indique que Charles de Gaulle a pris connaissance du document. Les commandos du Sawaba espéraient être reçus en libérateurs dans les localités frontalières, et lancer un mouvement de révolte qui les conduirait jusqu’au pouvoir. Ils ont finalement été stoppés par la population. L’ambassadeur Tréca indique notamment que 80 assaillants du Sawaba ont été tués ou faits prisonniers. Les interrogatoires des survivants ont permis de faire le lien entre ces attaques et le jeu chinois en Afrique : « Plusieurs d’entre eux –une vingtaine environ- ont déclaré avoir été entraînés à Nankin. » [en Chine] (Source : Arch. nat. AG(5)/F/597)
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Photo : © Archives nationales
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13 Avril 65 : tentative d’attentat contre Diori
Dans ce Télégramme Diplomatique, l’ambassadeur Albert Tréca décrit, cette fois-ci à chaud, une autre action qui sera rapidement attribuée au Sawaba. Elle intervient six mois plus tard, le 13 avril 1965, au moment de la grande prière de la Tabaski. Le télégramme arrive à Paris dès 10h55 : « Une grenade de fabrication locale a été lancée contre le président Diori qui, entouré des membres du gouvernement, présidait la cérémonie. » Ni le président, ni les ministres ne sont atteints. L’ambassadeur Tréca rapporte que « seuls quelques jeunes gens furent blessés » et que la foule, « considérable » est restée calme. « La police et les gardes du corps du président ont procédé sur le champ à l’arrestation de quelques suspects ». Le cachet « Vu », portant la croix de lorraine, montre que Charles de Gaulle prend connaissance de ces informations. (Source : Arch. nat., AG/5(F)/597)
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3 avril 1965 à 12h00 : un deuxième Télégramme Diplomatique
Une heure après le premier Télégramme Diplomatique de ce 13 avril 1965, un autre message de l’ambassadeur Albert Tréca arrive à Paris. Le diplomate y expose les éléments supplémentaires qu’il a obtenus. L’auteur de l’attentat a pu être arrêté. « Il s’agit d’un ancien prisonnier évadé. » Les autorités ont également réussi à appréhender deux complices. « Ils feraient partie d’une cellule terroriste de quarante personnes qui seraient venues d’Accra par le Mali », explique Albert Tréca. Niamey est bouclée par les forces de police et reste calme. (Source : Arch. nat., AG/5(F)/597)
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Photo : © Archives nationales
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La réponse sécuritaire de la France
Ces deux pages sont extraites d’un document qui en fait neuf au total et qui propose, suite aux actions sawabistes, la constitution d’un « Réseau ST » (Surveillance du Territoire) au Niger. Le projet, qui concerne une structure de souveraineté nigérienne, est cependant adressé au secrétaire général pour la Communauté et les Affaires africaines et malgaches, soit Jacques Foccart lui-même. Il est prévu que la structure soit animée par des Européens. Cinq sont explicitement mentionnés ici pour la constitution du bureau central. Mais le déploiement d’officiers européens va au-delà : « En regardant la composition des effectifs, explique Jean-Pierre Bat, le conservateur du fonds Foccart, on voit que chaque niveau hiérarchique, au niveau du bureau central comme des antennes régionales, est dirigé ou conseillé par un officier de police français personnellement recruté par Colombani, qui fait appel à ses hommes de confiance. » (Source : Arch. nat., AG/5(F)/597)
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Un influent conseiller particulier
Dans cette lettre, qu’il adresse au ministre délégué chargé de la coopération, le président nigérien Hamani Diori demande la mise à disposition de Jacques Mansion, qui exercerait auprès de lui « les fonctions de Conseiller technique pour les affaires particulières que je lui attribuerais. » « En réalité, explique Jean-Pierre Bat, le conservateur du fonds Foccart, c’est un conseiller politique spécial qui n’est pas tout à fait neutre puisque Jacques Mansion est notoirement un ami de Jacques Foccart et qu’il va assurer les missions de liaison sensibles et confidentielles entre Jacques Foccart d’une part, Hamani Diori d’autre part. » Il sera notamment envoyé en Algérie, après le coup d’Etat de Boumédiène, pour demander la fin du soutien algérien au Sawaba. (Source : Arch. nat., AG/5(F)/597)
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Des méthodes aux limites de la légalité
Ali Koté est un sawabiste qui a été arrêté en France, dont le Nigeria veut l’extradition mais que le pouvoir d’Hamani Diori aimerait également pouvoir obtenir. Cette note décrit les différentes options envisagées par l’équipe de Foccart pour parvenir à envoyer l’intéressé à Niamey. Envoyer Mansion à Paris avec un meilleur dossier d’extradition que le premier pour obtenir une extradition vers le Niger. Jouer avec la plainte d’un privé, Roques de la BIAO, qui se dit prêt à cesser les poursuites si cela peut faciliter l’extradition vers Niamey. Troisième option : faire expulser Koté vers Abidjan, d’où il pourra être transféré à Niamey. Les derniers mots de la note illustrent bien les désaccords entre le ministère des affaires étrangères et les services de Foccart. (Source : Arch. nat., AG/5(F)/597)
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